Si je commence ce premier article sur le thème de la conscience c’est que je crois en un lien étroit entre la conscience et l’astrologie. Un lien dynamisé par les cycles et les rythmes du temps...
Mais devant un tel sujet, nous sommes en droit de nous demander au préalable ce qu'est au juste que la conscience ? Un concept qui peut paraître bien vague tant le sens qu’il renferme semble être large…
L’étymologie du mot conscience vient du latin conscientia, composé du préfixe con- (avec) et de scientia (connaissance).
Etre conscient c’est donc littéralement être avec la connaissance. On peut d'emblée observer que la connaissance, on l'accompagne, on est avec elle, mais on ne la fait pas sienne. Il y aurait donc une forme d'humilité à témoigner face à la connaissance. On ne peut se l'approprier. Ou alors si on le fait, on risque de se prendre pour plus grand que soi, et de se désaxer de soi.
Plus largement, on peut donc penser qu'être conscient voudrait aussi dire être en connexion avec la réalité des choses, être en connexion avec soi, et par extension être honnête avec soi-même.
Par ailleurs, on pourrait également voir la conscience comme la faculté de s’extraire de soi pour se regarder, en toute objectivité. Pour cela, il faut trouver le courage de s'observer dans son entièreté, tel que l'on est. Y compris la part de nous qui nous fait honte, qui nous effraie, que l'on préfère rejeter, mais qui pourtant s’intègre pleinement au puzzle de notre âme.
Cette partie de nous, sombre, enfouie, a quelque chose à nous apprendre.
Vouloir la réprimer ne ferait que la renforcer. Au contraire, en prendre conscience serait un premier pas vers son acceptation. Dans le but de la maîtriser, plutôt que de nous faire maîtriser par elle.
On peut donc discerner une forme d'honnêteté intellectuelle dans la démarche de conscience. Un désir de soulever le voile.
« Connais-toi toi-même » disait Socrate au Ve siècle avant Jésus Christ. Pour lui, cela signifiait qu'il faut atteindre la connaissance et la maîtrise de soi pour s'affranchir des spéculations idéologiques et des explications théologiques. Il eut le sentiment de la complexité profonde de l’homme. Socrate cherchait ainsi à éveiller en lui, et en ses concitoyens, le sens de l'autocritique qui est le point de départ de l'indépendance de l’esprit.
Or, c’est précisément le but de l’astrologie (en tout cas, celle à laquelle j'adhère) ; c’est à dire élever son « essence » à la conscience.
Autrement dit, faire éclore le potentiel que nous portons tous en nous depuis notre naissance, et le déployer à la lumière de notre conscience.
Ainsi, si nous sommes ici, incarnés, ce serait pour faire émerger la force de vie qui est en nous, pour offrir à notre âme la possibilité de s’exprimer à travers ses nombreux potentiels. Pour nous apercevoir que la destinée n’est pas constituée d’un futur, mais de plusieurs possibles.
Et si toutefois nous décidions d’obéir aux injonctions d’une croyance, ou d’une idéologie, aussi puissantes soient-elles, et de sillonner notre vie à travers le chemin que cette croyance nous aura tracé, ce sera forcément par choix. Un choix plus ou moins conscient bien sûr. Mais un choix quand même. Un choix qui limitera notre potentiel créatif, notre capacité à être libre, et amenuisera la possibilité que nous avons tous à vivre pleinement notre vie.
Ceci n’est évidemment pas un appel à la révolte face aux nombreuses puissances et croyances qui jalonnent notre monde, mais plutôt une invitation au discernement. Au discernement, conscient, justement.
La révolte est réactive et aveugle. Alors que le discernement est actif et lucide. Le discernement brise tous les verrous, abaisse les masques, et s’avère être bien plus puissant que toutes les révoltes, qui elles, sont immanquablement liées aux croyances et aux idéologies.
En astrologie, on ne peut pas parler de conscience sans se référer au mythe d’Uranus, qui dans la mythologie grecque, est la divinité personnifiant le Ciel. Uranus (le Ciel) engendre avec Gaïa (la Terre) les Hécatonchires, les Cyclopes, et les Titans (divinités primordiales qui ont précédé les dieux de l’Olympe). Uranus les craint, et bien qu'ils soient ses enfants, il les emprisonne dans le Tartare, car il redoute leur force extraordinaire. Ce qui aura pour conséquence la révolte des Titans, emmenés par Cronos (Saturne).
Ainsi, dans le combat qu’il livre à sa progéniture, Uranus semble donc aussi se couper de lui-même. On aperçoit ici son double visage: celui du lien à la transcendance (le lien avec le Ciel), et celui de la coupure avec sa propre création (coupure avec sa progéniture), et donc de l’affirmation puissante de son unicité, et de son individualité.
En astrologie, Uranus symbolise parfaitement le lien transcendantal qui peut s’illustrer par des connexions entre soi et le supramental (prises de conscience soudaines), mais aussi par la coupure et la révolte, qui s’illustrent par l’intransigeance des points de vue soudainement révélés.
Avec Uranus, le tout est d’être suffisamment vigilant pour s’apercevoir que ce qu’il semble nous révéler n’est qu’un faisceau focalisé de l’esprit, un point parmi son immense étendue. Ainsi, l’individu qui interprétera sa « révélation » comme absolue, se verra coupé du contact avec les autres (et donc avec une partie de lui-même), en s’imaginant devoir apporter sa Vérité au monde. Cette face là d’Uranus est immanquablement liée au fanatisme. Le mythe d’Uranus nous enseigne qu’il n’y a pas de révélation constructive sans conscience.
On pourrait encore suggérer qu’Uranus donne à voir, grâce à un élargissement du champ de conscience, mais ne révèle rien.
Uranus dans un thème de naissance renseigne sur les possibilités d’un individu à se connecter à sa nature profonde, et de ses capacités à faire lien avec ce qui l’anime.
Ainsi, l’énergie symbolisée par cette planète pourra autant amener un individu à la lucidité (si son champ de conscience est suffisamment large par ailleurs) qu’au fanatisme borné (si son champ de conscience est par ailleurs très étroit). Nous apercevons ici encore la dualité d’Uranus à travers un dynamisme constructeur de sens d’une part, et destructeur de sens d’autre part.
Mais qu’il soit constructeur ou destructeur, libérateur ou douloureux, il n’en reste pas moins qu'un transit uranien provoque un réarrangement psychique afin d’accomplir un nouvel objectif. En d'autres termes, Uranus aide au renouveau, et amorce le changement.
Comme nous l'avons vu au début de cet article, je ne crois pas que la conscience soit une qualité qui s’acquiert, mais plutôt un élément constitutif de la vie. Une flamme de vie.
Un peu comme une lanterne, dont la lumière nous aiderait à arpenter les pièces de la demeure de notre âme. Cette lanterne ne serait pas en mesure de nous révéler une quelconque Vérité, mais nous aiderait en revanche à appréhender le monde. A en donner un sens, et une forme.
Il se pourrait aussi que la lanterne de mon exemple soit terne, vive, ou éteinte, voire même que ce soit une autre lampe qui éclaire la pièce. Tous ces états de luminosité (de conscience) ne sont pas l’un meilleur que l’autre. Ils donneraient simplement des contacts à la réalité très différents, et auraient forcément une incidence sur la manière dont nous interpréterons ce que nous voyons. Imaginez quelqu’un qui arpente une pièce sombre pendant toute sa vie, et à qui on allume soudainement un puissant spot lumineux… Il sera forcément ébloui, et ne sera pas en mesure de distinguer clairement la pièce dans son ensemble. D’autant que l’enthousiasme de sa soudaine vision rajoutera à son euphorie et donc à son manque de discernement. C’est la raison pour laquelle je suis très prudent face aux sentiments d’illumination et de compréhension soudaine du monde, d’autant plus lorsque l’individu en question a pris les marques de sa vie en dehors de ce que son âme lui insufflait…
En définitive, et nous l’avons vu dans la dualité du mythe d’Uranus, l’esprit, qui se sert de la conscience pour évoluer, peut être autant meurtrier que donneur de vie. L’enjeu principal de l’homme sera donc de contenir la tension entre ces deux pôles, qui s’anime en lui au travers de l’activité de ses dieux (ou archétypes), et de s’expliquer avec eux plutôt que de se laisser gouverner par eux. Il me semble que c’est justement la conscience qui peut être en mesure de nous aider dans ce travail.
Il me plaît alors de citer Carl Gustave Jung :
« Tout ce qui ne parvient pas à la conscience revient sous forme de destin »
En d’autres termes, la fatalité du destin n’adviendrait que si la lumière de la conscience n’exercerait plus son rôle premier. Rôle qui se résume à éclairer l’âme, afin de la faire éclore dans le monde. Pour changer notre futur, pour changer notre monde.
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